2020 photo Quartier de la Goutte dOr plan du quartier Echomuse

Le quartier de la Goutte d’Or est situé dans le 18e arrondissement de Paris, sur le versant sud de la butte Montmartre. Il s’étend sur une vingtaine d’hectares, délimité à l’ouest par le boulevard Barbès jusqu’au croisement avec la rue des Poissonniers, qui le borde jusqu’au boulevard Ney. À l’est, il est délimité par la rue de la Chapelle et la rue Marx Dormoy jusqu’au boulevard de la Chapelle qui en est la limite sud.

2020 carte goutte dor thumbsRue de Chartres Sacre Coeur

Conçu au milieu du 19e siècle aux portes de Paris comme un quartier pour artisans et petits bourgeois, il accueille rapidement une population de déracinés. Ils viennent répondre au besoin de main-d’œuvre dans la région, d’abord des provinces françaises et des pays européens, puis des pays du Maghreb, et enfin d’Afrique subsaharienne. Au fil des décennies, le quartier est devenu l’un des pôles de l’immigration parisienne.

Progressivement, la qualité du bâti se dégrade. Édifiés rapidement avec des matériaux bas de gamme, les immeubles, qui n’ont connu aucune rénovation depuis leur construction, constituent des îlots d’insalubrité indignes de leurs occupants. Ils hébergent dans des logements exigus des familles des différentes régions du monde arrivées là massivement dans les années 1960 et 1970, certaines bénéficiaires de la loi sur le regroupement familial.

Aussi, en 1983, le Conseil de Paris décide d’une vaste opération de réhabilitation du quartier sud, qui s’achève à la fin des années 1990. Elle sera poursuivie par la suite dans les secteurs nord et ouest de la Goutte d’Or. Le projet initial prévoyait de raser l’existant et de reconstruire un ensemble moderne, et pour ce faire, de déplacer la population vers les zones péri-urbaines proches.

Les habitants se regroupent alors en association pour défendre leur point de vue : oui à une rénovation progressive rendue nécessaire par les problèmes sanitaires et sociaux rencontrés par les plus démunis d’entre eux, mais pas sans envisager le relogement sur place des familles qui le souhaiteront dès les premières livraisons d’immeubles neufs ou rénovés.

Après un temps de négociation et malgré la difficulté de l’entreprise, la ville de Paris décide de prendre en compte les revendications locales et délègue à l’Office Public d’Aménagement et de Construction de Paris (OPAC) aujourd’hui renommé Paris Habitat, la coordination des travaux.

Des familles vivant parfois jusqu’à 10 ou 12 personnes ou plus dans des logements d’une ou deux pièces sans aucun confort, sont ainsi peu à peu relogées dans des appartements décents et voient leurs conditions de vie s’améliorer nettement.

Dans le même temps et toujours en concertation avec les acteurs associatifs locaux, de nombreux équipements publics s’installent et contribuent à désenclaver le quartier : square Léon, gymnase, bureau de poste, poste de police, pôle santé, bibliothèque, Centre musical Fleury Goutte d'Or-Barbara…

Après avoir été inscrite dans les différents dispositifs réservés aux zones dites sensibles : zone d’éducation prioritaire (ZEP), développement social des quartiers (DSQ), développement social urbain (DSU), la Goutte d’Or est aujourd’hui l’un des quartiers de Paris signataires du dispositif Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV). Il dépend du Réseau Éducation Prioritaire (REP +) Clémenceau et a été le premier quartier classé ZSP à Paris.

Un rapport de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) en date d’avril 2019, « Evaluation à mi-parcours du contrat de la ville de Paris 2015-2020 -Volet 1 », permet de se faire une idée précise de la réalité sociale de ce quartier, qui se caractérise notamment par :

  • une proportion d’habitants de nationalité étrangère très forte (27 % des habitants contre 21 % dans les autres quartiers prioritaires de la ville et 15 % à Paris)
  • une part importante de familles monoparentales (32 % contre 29 % à Paris ; 20 % de familles monoparentales fragiles contre 12 % à Paris)
  • malgré un mouvement de gentrification visible du quartier, une augmentation des foyers à bas revenus, qui représentent 28 % des ménages, contre 12 % à Paris
  • une problématique de logement, avec 15 % des foyers en situation de mal logement (contre 9 % à Paris) et un habitat parfois dégradé et suroccupé
  • une insertion sociale et professionnelle des jeunes préoccupante, avec 19 % de jeunes sans emploi contre 9 % à Paris et 10 % de jeunes non scolarisés er sans diplôme

Quelques liens vidéo :